Troubadour de l’insomnie, voilà ce qu’est l’homme. A jamais, à la recherche de la plénitude et du repos qu’il n’atteindra. Sans cesse sur le qui-vive, prêt à débusquer ce qui pourra, un instant de plus dans sa vie, donner sens à son existence. Et quand il aura trouvé un répit, il sera de courte durée, réveillé de son sommeil avant même d’avoir perdu conscience comme dans un rêve lucide. Les yeux grands ouverts, il contemplera une nouvelle fois ce ciel qu’il a supplié tant de fois afin qu’il lui donne une réponse. Pourtant, il détournera encore ce regard dans une ignorance toujours plus profonde et plus insupportable. Et la vie se déroulera comme une nuit sans fin. Il faudra bien trouver quelque chose à faire. Marcher, tourner. Tourner dans sa pensée ; tourner en rond, parler à haute voix vers l’inconnu, lui chanter ce qui lui passe par la tête. Il aura alors découvert l’art, ce mince espoir qui se nourrit du désespoir. Troubadour de l’insomnie.
Quand il commença sa danse autour du monde, il était seul. Puis, de mesure en mesure, il rencontra d'autres corps, d'autres âmes, et sa danse solitaire devint un véritable orchestre, un choeur, un balai composé d'une multitude d'atomes qui n'étaient plus isolés ou esseulés, mais qui s'élevaient à une unité de sens. S'agrégeant tout en gardant leur individualité, les troubadours, à défaut de trouver une réponse, rencontrèrent la joie du partage.
